Coup de coeur pour le livre "Un diamant brut"

« Un diamant brut » de Yvette Szczupack – Thomas

 

Coup de cœur pour ce  récit éblouissant et terrible d’une enfant orpheline, ballottée entre fermes et salons parisiens de 1938 à 1950, témoignage historique de l’époque d’avant guerre et après guerre. Il révèle des vérités sur la conduite des familles d’accueil rémunérées par l’Assistance Publique, de la pauvreté et la maladie dans les campagnes en opposition avec les flots d’argent qui circulaient à Paris dans les milieux des collectionneurs, des éditeurs d’art, flirtant avec le monde des artistes. La narratrice voyage dans des espaces de langage, de vie et de conduites tellement différents pour cette enfant qui connut une extrême misère avec toute sa cohorte de violences mais parfois d’amour simple, ainsi que la vie facile et brillante. Cette enfant touchante à la fois  naïve et au caractère trempé, désirait simplement être aimée pour elle-même et non pas être un jouet doté d’aptitudes intellectuelles et artistiques.

De cette lecture on  éprouve un goût amer car on découvre dans les deux mondes la turpitude sexuelle, la violence verbale, les coups, la torture, le fanatisme, la folie.

Quelques éclairs de pureté cependant, une véritable affection avec Maman Blanche et Nush (compagne d’Eluard), Yvette et sa candeur mais aussi ses vérités quand elle se permet de les exprimer.

Elle a côtoyé les plus grands artistes de l’époque : Braque, Picasso, Eluard, René Char, Romain Rolland, Laurens le sculpteur, Ozenfant, Gleize, Brancusi, Giacometti…

C’est dans un style frais, spontané et poétique, émaillé de jeux de mots, mais aussi de patois morvandiau.

Vision subjective et déformée, mais témoignage vivant d’un être qui a su garder SA VERITE.

 

L’auteure est née en 1929 en Bourgogne. Artiste peintre, elle est morte à Jérusalem en 2003. Fille de l’Assistance Publique, elle est apparemment adoptée par Christian Zervos, critique d’art et fondateur de la revue littéraire et artistique « Cahier d’Art » et sa femme Yvonne.

 

Morceau choisi :

 

Je voulais aussi coller sur mon visage l’expression détachée et sereine des bonnes sœurs. Elles possédaient des joues diaphanes et immobiles, et deux outils coordonnés : les yeux et la bouche. Rencontrer le regard d’une bonne sœur, le voir en entier, avoir le temps d’en faire le tour tenait du miracle. Elles soulevaient si rarement leurs paupières ! C’était pour moi un combat d’en confronter l’ouverture, de saisir au vol les ondes…

 

 

 

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