Mardi 24 juin 2 24 /06 /Juin 11:20

Je sais que j’ai changé. Je me suis assagie.

Je viens de lire le roman « Passion simple » d’Annie Ernaud et je me demande si ma relation avec LUI est encore passionnée.

 

Elle évoque le téléphone.

 

De tout temps et il y a encore quelques semaines, j’ai connu l’attente de l’appel téléphonique qui paralyse. C’est le blocage du corps et du cerveau.

Sonnerie.

Cœur qui bat.

La voix tant attendue.

Elle est là.

Elle n’arrive même plus à me rendre heureuse. Ce moment tellement important est imprégné de la rancune de la frustration.

 

Gâchis ! J’en suis consciente !

 

Désormais, je me force à agir, à m’occuper. Je me sèche les cheveux (le bruit du séchoir rend sourd à la sonnerie du téléphone), j’utilise mon portable, je sors et passe par les rue où on ne capte pas les ondes. Puis vient le moment fatidique où je n’arrive plus à m’interdire de m’interdire. J’appelle… J’envoie un texto…

 

J’essaie d’apprécier d’autres petits bonheurs, sans lui. Paysages déclencheur
d’émotions, atmosphères sympathiques et conviviales, fêtes, films. Mais je n’arrive jamais à occulter cet homme complètement. Je fais référence à ce qu’il pourrait penser, ressentir, au plaisir que je pourrais éprouver s’il était là pour partager ce moment de vie. Ne pas penser à LUI ! Il faudrait que j’ingurgite beaucoup d’alcool fort, un mélange détonnant, ou que l’on m’abreuve de caresses douces, et encore…il y aura toujours un flash, l’éclat d’un geste, d’un mot, à un instant donné, éblouissement de mon esprit.

 

A propos de l’acte sexuel, moi non plus,je ne me lave pas immédiatement pour conserver son sperme le plus longtemps possible. Je laisse le lit en désordre pour le décor. Je me repasse le film avec son et images du dernier rendez-vous, surtout ces petites phrases qui lui échappent quand il lâche enfin sa retenue, emporté par le désir et l’excitation. Chaque moment passé ensemble est une succession de scènes que ma tête, caméra cachée, enregistre. Je visionne dans les heures qui suivent tout ce qui me permet de mieux connaître sa réalité, de mieux nous comprendre.

 

 Comme l’auteur, j’essaie également d’apparaître dans une nouvelle toilette à chacune de nos entrevues.

 Moi aussi mon premier geste est de regarder les horoscopes des magasines féminins afin qu’ils me dévoilent ce que sera mon week-end : "chaud et sexuel" ou "libido en berne "?

Certaines chansons m’émeuvent, celles qui parlent de « nous ». Je monte le son.

Je dévore les livres où je retrouve des lambeaux d’histoire qui ressemble à la nôtre.

Cette passion me rend forte, plus épanouie. Désormais, j’aime échanger, parler, réconforter les autres. Je vais vers eux et reste beaucoup moins sur ma réserve.

 

Tout ceci se passe quand le moral est AU-DESSUS de zéro.

 

Car s’il reste plus d’un jour sans appeler, je suis certaine d’être quittée. S’il n’exprime pas son désir de me voir, je sais que je suis abandonnée.

 

Régulièrement, l’envie de rompre, pour ne plus être à la merci d’un appel, d’une visite, de l’idée qu’il ne tient pas à moi autant que je tiens à lui, de ne plus souffrir, me semble une délivrance. Je m’habitue à cette idée, je formate mon cœur. Quelques heures, une journée, une nuit. Puis la vision de la rupture, c’est-à-dire une suite de jours vides, noirs, proches du néant, me devient insupportable. Alors je suis persuadée que je dois continuer, en me raisonnant. Je reste convaincue que ces instants aussi intenses, qui me remplissent d’un vrai bonheur, je ne pourrais les vivre avec aucun autre.

 

Je suis dans l’ignorance de la nature de ses sentiments. Est-il aussi passionné que moi ? Mes certitudes vacillent souvent. Je me veux lucide, pour ne pas souffrir par la suite. Je doute malgré les gestes, les paroles, les actes prouvant son attachement. Douter, c’est souffrir. Tant pis. J’ai peur de tomber de trop haut si… La seule vérité incontestable est celle de l’état de son sexe. Actuellement, il est toujours… en bataille.

 

Même si l’homme qu’on aime reste toujours un étranger, grâce à la qualité de notre relation, je m’approche de la limite de ce qui nous sépare. J’imagine parfois, orgueilleusement que je la franchis. Mais je sais aussi que je peux me tromper, comme lui aussi peut se tromper sur sa connaissance de moi. Qui peut se targuer de connaître l’autre parfaitement ? C’est mieux ainsi. Le mystère entretient l’amour.

 

 J’ai découvert au cours de ma vie de quoi la passion peut me rendre capable. De tout : de sublimité, de transparence, de compréhension, de générosité, d’intelligence mais aussi de bassesses, de mensonges et d’égoïsme.

 

Oui, j’ai la chance d’avoir connue cette richesse, le bien et le mal, et je désire encore vivre cette intensité vibrante de pulsions.

La passion, c’est être sublimé, vivant mais aussi souffrir et parfois désirer n’être plus.

Par Abus d'amour - Publié dans : journal intime
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