Mercredi 1 octobre 3 01 /10 /Oct 11:47

J’ai  rendez-vous avec LUI, un matin à onze heures dans un village proche pour le vernissage d’une manifestation.

Dès le  réveil, alors que mes yeux s’entrouvrent, LE FILM démarre dans ma tête :


Le téléphone sonne, j’attends trois sonneries. « Allo…Tu sais je ne peux pas venir à L. je n’ai pas eu le temps encore d’emmener ma mère au super marché ».

Ca y est. C’est la boule au fond de la gorge. C’est tellement serré que ma voix tremble, je me force à être naturelle et à paraître indifférente. « Eh bien j’irai SEULE ».

Je me veux soulagée parce que libre… finalement ! J’irai au gré de mes envies, feuilletant les livres, promenant mon regard sur les reliures de cuir aux lettres d’or, adressant la parole à un papivore dont le nez est plongé dans « Leçons d’érotisme pour un jeune seigneur du XVIIIème siècle ». Je sais que les livres érotiques contenant des dessins licencieux et des récits grivois  sont écrits sous des pseudonymes par des écrivains notoires et circulent sous le manteau depuis des années lumières.

Autrement, moi, je n’y comprends rien. Ni en valeur de livres : une petite phrase de l’auteur, sa signature, les bouquins appelés les « envois » suffisent à multiplier au centuple le prix. Encore moins en reliure : « cuir et tranche dorée », passe. Mais « sur arche, ½ chagrin à coins 5 nerfs » ??? L’autre, me regarde en coin et maugrée une réponse. A l’évidence, je le dérange. La profondeur de mon décolleté ne l’a pas détourné de ses recherches. Il est venu pour trouver des livres, pour enrichir sa collection de « curiosa », pas pour éduquer une inculte qui voile à peine ses seins. Je lui tourne le dos et me dirige vers ce que je suppose être le lieu où l’on boit des bulles et où on mange des œufs de poisson rouges et noirs. Là de jeunes hommes à cheveux longs retenus par un diadème, en costume de velours noir, les yeux au-dessus de votre tête. Des moins jeunes à lunettes, froids comme des experts qu’ils sont. Derrière leurs tables, les éditeurs de livres précieux, indifférents et dédaigneux. Je me fais mince et transparente et colle mon nez aux vitrines où sont exposés des livres-objets du Moyen-âge, copies d’incunables  et ceux d’aujourd’hui. Couvertures en bois, feuilles de parchemin réunies dans un livre-coffret qui ferme à clé, manuscrits enchaînés ou encore enluminés et à porter à la ceinture pour une ;  dépliants en accordéon imprimés de poème et illustrés par des peintres pour l’autre. Ou encore, puzzle de carnets, longs rectangles à la couverture de faïence, véritable livre-objet d’art. Dommage, ce sont des recueils de prières, litanie des mots sacrés. J’aurais préféré des vers contemporains.

Comme j’aimerais qu’il soit là pour partager mes admirations enthousiastes et effervescentes.

Mais enfin, secoue-toi, tu viens de le croiser sur la route ! Tu as reconnu son profil, bien droit, son gilet blanc.

Le  téléphone sonne. «  Où es-tu ?


Sur l’écran noir des pensées noires s’affiche le mot FIN.

 


Le soir même nous étions invités chez des amis.

La veille, communication téléphonique : à la question « ce soir on ne se voit pas ? », c’est un "non" qui me vrille l’oreille. LE FILM démarre :

Demain soir nous allons rentrer tard, ayant plus ou moins mangé et bu, le sommeil alourdissant les sens et les paupières, nous ne ferons pas l’amour. Puisqu’il en est ainsi, organisons les choses de façon à ce qu’elles soient nettes et qu’il ne puisse pas y avoir de tergiversations : je passe le prendre et je le ramène chez lui. Ainsi pas de lit, pas de chambre, pas de désirs de me faire pénétrer. Je suis programmée.

FIN du FILM.

 

Dans l’obscurité, tranchée par la lumière du lampadaire, au moment de se quitter, les mots « j’ai envie de toi » percutent mes neurones. J’écarquille les yeux et les oreilles. Quel cadeau tu me fais! Dans mon cerveau, comme un léger frémissement de victoire. Je savoure. Silence…long, épais, vibrant… Qu’est-ce qu’on fait ?

 

Chacun dans sa voiture, nous voici sur la route. Je suis certaine qu'il coule. Déshabillage rapide. Passage dans la salle de bain pour moi. Il m’attend, nu, debout à côté du lit, le sexe dur et triomphant dans son attitude timide et si touchante…

Ce fut encore une fois l’apothéose de caresses tendres, impudiques, de murmures délicieux, de mots orduriers et de phrases devenant râles, cris.

 

Se créer des peurs, fabriquer des idées noires est-ce déclencher la chance ou la mal chance ? Le bonheur ou le malheur ?

Exorcisme, superstition ?


Ou quelque chose dans la tête qui ronge, qui détruit. Je ne veux plus...Je n'y arrive pas...Pas encore...Bientôt...

Par Abus d'amour - Publié dans : journal intime
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